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Deux expositions de photos à la Galerie d'art

Objectifs de consciences

Une œuvre de l'exposition Mines d'ordures.</p>
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Une œuvre de l'exposition Mines d'ordures.

Photo : Paul-Antoine Pichard

22 janvier 2009

La Galerie d'art du Centre culturel de l'Université de Sherbrooke ouvre sa saison culturelle 2009 avec deux expositions d'artistes photographes engagés : Paul-Antoine Pichard et Ingénieurs sans frontières Canada _  Section Sherbrooke. Ces expositions proposent des oeuvres marquantes témoignant des disparités Nord-Sud et pourront être vues jusqu'au 22 février.

Les photographies de Paul-Antoine Pichard dérangent en montrant une réalité inacceptable : la pauvreté extrême. Dans la tradition des photographes engagés, Paul-Antoine Pichard a parcouru le monde, caméra à la main, pour nous révéler les visages de femmes, d'hommes et d'enfants qui habitent et travaillent sur des montagnes d'ordures. Aux portes de l'enfer, à l'extrémité de la chaîne de consommation, ils survivent en recyclant ce qu'ils parviennent à tirer des déchets des autres.

L'exposition, qui s'intitule Mines d'ordures, est mise en circulation par Tohu, la cité des arts du cirque. Elle s'avère un rendez-vous incontournable et bouleversant avec des images coup-de-poing où l'esthétique donne la main à l'horreur pour mieux prendre d'assaut l'indifférence. L'exposition nous amène à faire un pas vers la connaissance de l'autre, prise de conscience nécessaire avant l'action.

«S'affirmer contre le monde tel qu'il est!» Telle est l'approche de cet artiste qui présente le fruit de trois années de travail pendant lesquelles Paul-Antoine Pichard a côtoyé les plus pauvres des pauvres vivant dans des décharges publiques des Philippines, du Cambodge, de l'Inde et du Mexique notamment.

Le photographe a vécu dans ces univers parallèles, ces zones de non-droit rayées du registre du monde. «La rencontre avec les recycleurs a été l'expérience la plus forte de ma vie, la plus éprouvante aussi», confie l'artiste. Né en France en 1970, Paul-Antoine Pichard a découvert l'univers effroyable des décharges en 1997 à Dakar. Le contact avec ces villes dépotoirs fut le début de Mines d'ordures. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants vivent de ce que les autres ont jeté. Ils trient des tonnes d'ordures pour en tirer leur subsistance.

Les uns se sont retrouvés là à la suite d'une perte d'emploi. D'autres y sont nés. La plupart y mourront. Les enfants qui y naissent ont peu d'espoir. Quant aux adultes, leur vie est perdue; ce sont les exclus des exclus. Des poches de méthane se forment sous les ordures. Les marcheurs y sont happés en quelques secondes par une odeur nauséeuse.

Si Paul-Antoine Pichard nous place devant un aspect moins glorieux de l'existence humaine, ce n'est ni par voyeurisme ni par cynisme. L'angle de sa caméra s'avère plutôt tendre, humaniste. Ne juge ni ne trahit. Ne donne pas non plus envie de détourner les yeux. À la vue de ces images, nous sommes à la fois saisis par leur beauté et par l'horreur de ce qu'elles racontent.

«C'est ma manière de rendre hommage à ces gens : les montrer beaux et dignes. Qu'on voit qu'ils sont des humains comme nous», confie le photographe lors d'une entrevue accordée à La Presse l'an dernier. Bien qu'il nous montre l'inhumanité, à travers le regard doux de cette jeune femme qui donne le sein à son bébé filtre une infime lueur d'espoir bien modeste.

Les photographies du collectif d'Ingénieurs sans frontières Canada, quant à elles, témoignent de différentes réalités vécues dans les pays en voie de développement. L'exposition Développement en images est une fenêtre ouverte sur le Burkina Faso, le Mali et le Honduras, entre autres. Elle rassemble des images captées par des étudiantes et étudiants de l'Université de Sherbrooke alors qu'ils vivaient à l'étranger et par des étudiants universitaires du Honduras impliqués dans leur communauté.